Hommages à Max Jacob – Jean Cocteau
Le Mail, revue de littérature, d’art et de critique, n° 5, avril 1928.
Mon cher Abraham,
Vous devez savoir que je m’écarte de plus en plus des lettres. Je ne saurais « écrire » sur Max.
En vérité je l’admire et je l’aime sans réserve. La malice ne peut avoir aucune prise contre ces sortes d’amitiés-là. Il serait donc ridicule de prétendre que je me dérobe. Imprimez cette simple lettre. De tout cœur.
Jean Cocteau
Aguedal, revue marocaine des lettres et des arts, Rabat, n° 2, 1939.
Il existe de Max Jacob un mot admirable : « Il ne faut pas, me disait-il, être connu pour ce que l’on fait. »
Un poète est posthume. Il lui est difficile de vivre côte à côte avec son œuvre. En fait, son œuvre le mange et cherche à se débarrasser de lui.
Nul mieux que Max n’a su réussir ce miracle : se rendre invisible, tromper l’œuvre à force de transparence et donner en pâture à l’époque un homme de paille qu’elle puisse brûler sans atteindre le poète.
Cher Max – je t’aime dans l’éternité.
Jean Cocteau