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En quarante-huit heures d’ivresse – Charles Bukowski

En quarante-huit heures d’ivresse – Charles Bukowski

en quarante-huit heures d’ivresse, voici ce que j’ai griffonné sur le papier de soie qui enveloppe les chemises :

quand l’Amour prend la forme d’un commandement, la Haine peut devenir plaisir.

si vous ne jouez pas, jamais vous ne gagnerez.

belles pensées comme belles femmes ne durent qu’un temps.

vous pouvez mettre un tigre en cage, sans être certain qu’il ne vous bouffe pas. on prend moins de risques avec les Hommes.

si l’on souhaite savoir où crèche Dieu, il suffit de le demander à un ivrogne.

il n’y a jamais d’orages dans les terriers.

absence de peines signifie insensibilité ; chacune de nos joies est un marché avec le diable.

la différence entre l’Art et la Vie, c’est que l’art est plus supportable.

j’aime mieux qu’on me raconte la vie d’un clochard américain que celle d’un dieu grec mort.

rien de plus ennuyeux que la vérité.

l’individu parfaitement équilibré n’a pas toute sa raison.

quasiment tout le monde est né génial mais est mort idiot.

la bravoure exclut l’imagination. la lâcheté est en général la conséquence d’un non-respect de la diététique générale.

tirer sa crampe revient à botter le cul de la mort en chantant.

quand les hommes contrôleront les gouvernements, ils n’auront plus besoin d’être gouvernés, mais, jusque-là, ils l’auront dans l’os.

un intello est un individu qui, pour dire quelque chose de simple, le fait en l’embrouillant ; l’artiste est celui qui, pour rendre compte de la complexité, se sert des mots de tous les jours.

chaque fois que j’assiste à un enterrement, j’ai le sentiment de manger des flocons d’avoine.

Les robinets qui fuient, les pets qu’on lâche pendant l’étreinte, les pneus qui éclatent – voilà qui est plus triste que la mort.

si vous désirez savoir qui sont vos amis, faites-vous condamner à une peine de prison.

l’hôpital, c’est le lieu où l’on s’efforce de vous tuer sans vous dire pourquoi. la cruauté glaciale et rationnelle de l’Hôpital américain ne s’explique pas que par un corps médical débordé, qui se serait habitué à la mort, au point de la trouver banale. mais surtout parce que les médecins, bien que TROP PAYÉS POUR N’EN BRANLER PAS UNE, sont adulés par les ignorants, à l’égal des sorciers avec leurs potions magiques, alors que, la plupart du temps, ils confondent les poils de leur cul avec du céleri rémoulade.

avant qu’un grand quotidien ne se décide à nous parler d’un fléau, il lui faut d’abord se tâter le pouls.

fini, plus de papier.

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