En été, le soir, sous les parasols rouges – Jean-Michel Maulpoix
En été, le soir, sous les parasols rouges de la terrasse, comme sur le pont d’un grand navire, loin dans les tiédeurs de la mer.
Le soleil dans les yeux se couche, au pied du clocher flambant neuf. Les verres tintent et pétillent. Les voix racontent. Le temps s’attarde. Rien à craindre. Le malheur est loin. On oublie de mourir. On songe à des épaules. Chemisiers et rubans de couleurs. Lunettes noires et cigarettes blondes. Contre-jour : la chair est tendre sous le tissu. Le cœur fait des bonds dans l’alcool et les rires. Ce bonheur pourtant est étrange. Trop douce est la musique, trop sucrée. Une poudre d’os sur les cheveux. Tant de bleu. Tant de bière. Tant de couronnes et de corolles. Pour ceux-là qui parlent d’amour, en été, les beaux soirs, sous les parasols rouges, au pied du clocher neuf, un peu avant huit heures, jusqu’à la nuit tombée.