Condamné – André Frédérique
Rien à faire pour lui couper la tête.
En vain lui fait-on comprendre que s’il se détendait…
Lui ne veut pas entendre raison.
Le couperet s’ébrèche, la machine se coince.
« Le voilà bien avancé ! », pense le bourreau en grommelant.
On ne se résout pas sans chagrin, après bien des procédures compliquées, à le fusiller au petit jour.
Sans plus de succès.
Les balles s’écrasent sur sa poitrine, à peine éraflée après douze salves.
Le commandant du peloton s’éponge le front, désespéré.
On l’électrocute.
Impassible, il observe l’évolution des machinistes autour des leviers.
Le courant n’est pas ménagé.
Dans la pièce une odeur d’ozone se répand.
On essaie de le pendre.
Sans résultat.
De l’étouffer entre deux matelas, de le noyer dans de l’huile bouillante.
On lui injecte du blanc de zinc dans l’artère temporale.
À la fin, on lui rend la liberté.
Ivre de joie, il sort en courant, se précipite au cou de sa femme qui l’attend avec un bouquet de roses à la porte de la prison, se pique le doigt aux épines, fait un mauvais mal blanc et après quelques jours de souffrance meurt misérablement sur un lit d’hôpital.