Cité des vaisseaux – Walt Whitman
Cité des vaisseaux !
(Ô les vaisseaux noirs ! Ô les vaisseaux farouches ! Ô Les splendides vapeurs et voiliers à la proue effilée !)
Cité du monde ! (car ici confluent toutes les races, ici tous les pays de la terre collaborent) ;
Cité de la mer ! Cité des flux précipités et chatoyants !
Cité dont les flots joyeux accourent ou dévalent sans cesse, entrant et sortant en tourbillons semés de remous et d’écume !
Cité des quais de marchandises et des magasins — cité des façades géantes de marbre et de fer !
Cité fière et passionnée — cité fougueuse, folle, extravagante !
Debout, ô cité — tu n’es pas faite seulement pour la paix, mais sois vraiment toi-même, sois guerrière !
N’aie pas peur — ne te soumets à nul autre modèle que les tiens, ô cité !
Regarde-moi — incarne-moi comme je t’ai incarnée !
Je n’ai rien rejeté de ce que tu m’as offert, — ceux que tu as adoptés je les ai adoptés.
Bonne ou mauvaise je ne te discute jamais — je chéris tout — je ne condamne rien.
Je chante et célèbre tout ce qui est tien — cependant je ne chante plus la paix :
En paix, j’ai chanté la paix, mais à présent le tambour de guerre est mon instrument,
Et la guerre, la guerre rouge, est le chant que je vais chantant par tes rues, ô cité !