Chanteurs malades – Lucian Blaga
Nous portons en nous, sans larmes
une maladie dans nos chants.
Nous marchons à tout jamais
vers un soleil couchant.
Notre âme est épée de feu,
éteint dans son fourreau.
Ah, encore, encore, encore
les mots sèchent en nous endormis.
Un vent éternel résonne toujours
dans les branches des mélèzes
et courant de par le monde
nos ballades sont des passerelles.
Des lys blancs à la bouche
nous traversons des crépuscules.
Nous renfermons en nous-mêmes
notre fin sous une armure.
Nous portons en nous, sans larmes
une maladie dans nos chants.
Nous marchons à tout jamais
vers un soleil couchant.
Des blessures ouvertes portons
qui jaillissent sous notre veste.
Nous augmentons l’infini
d’un mystère, d’un chant.