Cet air bas sous les nuées immobiles – Fernando Pessoa
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Orage
Cet air bas sous les nuées immobiles. Le bleu du ciel devenait sale à force de transparente blancheur.
L’employé, au fond du bureau, suspend un instant la ficelle autour de son éternel paquet…
« Ça m’a tout l’air… » et son commentaire est lourd de statistiques.
Un silence froid. Les bruits de la rue semblent coupés au couteau. On a senti, interminablement, le malaise de toute chose, comme un arrêt cosmique de la respiration. L’univers entier s’était figé. Un instant, puis un autre — un instant encore. Ténèbres noircies d’un silence de charbon.
Tout d’un coup, de l’acier vivant…
Quel son humain rendait le tintement métallique des trams ! Quel paysage joyeux que la simple averse tombant dans la rue ressuscitée de l’abîme !
O ma Lisbonne, mon foyer !