Ce peu – Jules Supervielle
Ce peu d’océan, arrivant de loin,
Mais c’est moi, c’est moi qui suis de ce monde,
Ce navire errant, rempli de marins,
Mais c’est moi, glissant sur la mappemonde,
Ce bleu oublié, cette ardeur connue
Et ce chuchotis au bord de la nue,
Mais c’est moi, c’est moi qui commence ici,
Ce cœur de silence étouffant ses cris,
Ces ailes d’oiseaux près d’oiseaux sans ailes,
Mais c’est moi, c’est moi dans l’humain souci.
Courage partout, il faut vivre encore
Sous le ciel qui n’a plus mémoire de l’aurore !