Averoigne – Clark Ashton Smith
En Averoigne l’enchanteresse tisse
D’étranges envoûtements qui invoquent un soleil changeant
Ou appellent la lune d’Hécate
Sous les tours recouvertes de lierre.
Au crépuscule, de ses berceaux couleur d’ombre
Les vipères soumises rampent, pour être
Les envoyés de sa malveillance
Et des philtres tirés des grasses feuilles poussant sur les tombes
Coulent à travers ses alambics argentés.
En Averoigne des hordes de fantômes émergent
De douves pestilentielles et de lacs stagnants,
Glissent à travers le festival tapageur
Dans des cités hors du temps éclairées par des torches.
Autant pour la mort que la naissance, le carillon
De cloches monotones et ambiguës
Retentit au loin, tandis que des satyres sculptés poussent,
Avec des gueules de pierre sombre et maussade,
D’interminables gémissements silencieux.
En Averoigne demeure le mage.
Si profond est le silence de sa cellule,
Toute sa vie il entend les monarchies intemporelles
Qui marchent d’un pas résonnant comme le tonnerre
Dans des châteaux de fer au-delà de la lune –
Aux douves d’éternité ;
Et entend les rires acariâtres monter
De Nornes qui complotent l’âge pestiféré
Et les guerres que les soleils devront mener.
En Averoigne la lamie chante
À des lyres extraites d’antiques caveaux
Et laisse ses tresses ondulantes tomber
Devant un miroir nécromantique.
Elle voit passer ses amants aux veines asséchées ;
Faiblement ils crient vers elle, et tout
Le mal qu’ils trouvent, le bonheur qu’ils cherchent
Trouve écho dans les cordes ternies
Qui racontent d’archaïques choses.