Arrivée à Santos – Blaise Cendrars
Nous pénétrons entre des montagnes qui se referment derrière nous
On ne sait plus où est le large
Voici le pilote qui grimpe l’échelle c’est un métis aux grands yeux
Nous entrons dans une baie intérieure qui s’achève par un goulet
A gauche il y a une plage éblouissante sur laquelle circulent des autos à droite la végétation tropicale muette dure tombe à la mer comme un niagara de chlorophylle.
Quand on a passé un petit fort portugais riant comme une chapelle de la banlieue de Rome et dont les canons sont comme des fauteuils où l’on voudrait s’asseoir à l’ombre on serpente une heure dans le goulet plein d’eau terreuse
Les rives sont basses
Celle de gauche plantée de manguiers et de bambous géants autour des bicoques rouges et noires ou bleues et noires des nègres
Celle de droite désolée marécageuse pleine de palmiers épineux
Le soleil est étourdissant