Août – Aco Sopov
Je gis sous le tronc de la nuit, en août qui meurt
et célèbre sa fleur de cendre et d’effroi aboli.
De mon front, comme d’un terreau, germent et mûrissent
les grappes de la vigne astrale.
Je gis sous le tronc de la nuit d’août, le crâne cloué à la terre.
Pourront-ils m’arrêter, me détenir,
ces infatigables soldats de plante et de semence,
d’herbe, de racine et de fougère ?
Reste là et attends. Roc immobile, attends.
Peu importe si la nuit t’engloutit, si le vent te fouette.
Dans ton regard les pêcheurs tissent d’invisibles filets,
un poisson d’or rêve dans l’abîme de ta patience.
Je sais. Août est là et tout change. Les grains dorés de la grappe
flétrissent comme se fane avec le temps l’éclat des prunelles.
Le sombre soleil de minuit voyage vers son zénith.
Et je demeure prisonnier des herbes et des fougères.