Air mail – Tomas Tranströmer
A la recherche d’une boîte aux lettres
je portais l’enveloppe par la ville.
Ce papillon égaré voletait
dans l’immense forêt de pierre et de béton.
Le tapis volant du timbre-poste
les lettres titubantes de l’adresse
tout comme ma vérité cachetée
planaient à présent au-dessus de l’océan.
L’Atlantique argenté et reptile.
Les barrières de nuages. Le bateau de pêcheurs
tel un noyau d’olive qu’on recrache.
Et la cicatrice blafarde du sillage.
Le travail avance lentement ici-bas.
Je lorgne souvent du côté de l’horloge.
Dans le silence cupide
les ombres des arbres sont des chiffres obscurs.
La vérité repose par terre
mais personne n’ose la prendre.
La vérité est dans la rue.
Et personne ne la fait sienne.