A quelqu’un qui va bientôt mourir – Walt Whitman
Entre tous les autres je vous distingue et j’ai pour vous un message :
Vous allez mourir — que d’autres vous disent ce qu’il leur plaît, moi je ne puis mentir,
Je suis strict et impitoyable, mais je vous chéris — vous n’en réchapperez pas.
Doucement sur vous je pose ma main droite, c’est à peine si vous la sentez.
Je ne raisonne pas, je courbe la tête profondément et l’enveloppe à moitié.
Je demeure en silence près de vous, je ne vous quitte pas un instant,
Je suis davantage qu’un garde-malade, davantage qu’un parent ou un voisin.
Je vous absous de tout, hormis de votre moi spirituel-corporel, c’est-à-dire éternel, votre moi réchappera sûrement.
Le cadavre que vous quitterez ne sera qu’une dépouille excrémentielle.
Le soleil perce en d’imprévues directions,
Des pensées fortes vous emplissent et de la confiance, vous souriez,
Vous oubliez que vous êtes malade, comme j’oublie que vous êtes malade.
Vous ne voyez pas les remèdes, vous ne faites pas attention à vos amis qui pleurent, je suis avec vous,
J’éloigne les autres de votre présence, il n’y a rien là dont on doive s’apitoyer.
Je ne m’apitoie pas, je vous félicite.