A jamais ridicule cette fable – Jean-Michel Maulpoix

À jamais ridicule, cette fable antique du poète descendu chez les morts pour y chercher une ombre aimée. Il n’est pas de chant qui sauve, juste des paroles pour notre ici-bas : la mémoire de ceux qui s’en vont et la consolation de ceux qui restent.

La nuit qui vient est épaisse. Long, le chemin qui se perd dans les bois noirs. À chacun de s’y préparer.

Dans la glace, parfois, le visage de mon père. Sa fatigue. Dans mes gestes, ses gestes. Sur mon dos, sa chemise de laine à gros carreaux, faite pour les hommes des bois, les chasseurs de loups et les veufs. Tissé par tant de mains invisibles, un rideau de rides est tombé sur mon visage : je ne suis plus de ce monde-ci.