À Brébeuf, à Lallemant, dans l’immortalité – Nérée Beauchemin
Vers l’illustre hauteur que vous avez atteinte,
Vers vous, que tout le ciel glorifie avec nous,
Magnanimes héros de notre histoire sainte,
Nous avons joint les mains et plié les genoux.
Nous saluons en vous, victorieux quand même,
Malgré tous les tourments d’un calvaire de feu,
Par un céleste élan d’héroïsme suprême,
Dieu glorieux en l’homme, et l’homme grand par Dieu.
Apôtres de Jésus, votre gloire domine
Une époque qui touche au sublime infini :
Holocauste sacré dont la flamme illumine
Les ombres de la croix et de Gethsémani.
Le jour où portant haut l’honneur des sacerdoces,
Vous avez traversé l’abîme des douleurs,
Vos yeux comme au matin de vos mystiques noces,
Dans l’éclair d’un regard, se sont mouillés de pleurs.
Vous pleuriez, non sur vous, pauvres missionnaires !
Vous pleuriez sur la plaine et les bois et les monts,
Où règne la terreur des huttes sanguinaires,
Que tient en son pouvoir un peuple de démons.
Dans la forêt, depuis l’effroyable épouvante,
Les torches des bourreaux ne viennent plus errer ;
La brise a des soupirs de prière vivante,
Mais la forêt se meurt de ne pouvoir pleurer.
Les sentiers d’où s’exhale un parfum d’aromates,
Ne se hérissent plus des flèches de l’enfer :
Sous la pourpre des fleurs on croit voir les stigmates
Du martyre inouï que la terre a souffert.
Vos larmes, ô martyrs, n’auront pas été vaines.
Et, dans les régions de l’âme et de l’esprit,
Le miracle du sang qui jaillit de vos veines,
Fit fleurir la vertu du sang de Jésus-Christ.
Témoignage éclatant des divines épreuves ?
Vrai miracle français, qu’un immortel clergé,
Riche de la richesse innombrable des œuvres,
D’âge en âge, jusqu’à nos jours, a prolongé.