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Sinbad, la légende des sept mers – Patrick Gilmore

Sinbad, la légende des sept mers – Patrick Gilmore

Sinbad et Proteus se retrouvent inopinément à bord du même vaisseau pour mettre la main sur le Livre de la Paix. Voleur invétéré, Sinbad cède pourtant le trésor au prince qui le rapporte à Syracuse. C’était sans compter Eris la déesse de la Discorde qui dérobe le livre sacré en prenant l’apparence du marin. Accusé à tort, Sinbad risque l’échafaud. Convaincu de l’honnêteté de son ami d’enfance, Proteus se propose de prendre la place du prisonnier: Sinbad a dix jours pour restituer le livre perdu, sans quoi Proteus mourra à sa place…

Dernière offensive animée des studios DreamWorks, Sinbad, la légende des sept mers diffuse un parfum entêtant de déjà vu… En s’emparant de pirates chevronnés et de créatures marines, Tim Johnson et Patrick Gilmore évoquent pêle-mêle Atlantide, La Planète au trésor, L’Age de glace, voire même La Petite Sirène. Autant d’emprunts ou de similitudes inopportunes donnant du grain à moudre à leurs alter ego: le colosse Disney et sa voisine la Fox. Passé le jeu des superpositions et supputations, force est de reconnaître que Sinbad croque une impeccable synthèse de ses prédécesseurs. Dans leur relecture classiquement moderne d’un épisode des Mille et Une Nuits, Johnson et Gilmore élaborent un divertissement copieux et carré, parfaitement dosé. Délestée des lourdeurs comiques et autres quotas de simagrées, l’intrigue de Sinbad s’en remet à de vieux antagonismes: le prince et le voleur, le sédentaire et le nomade, le macho et l’émancipée… La dynamique enfantine de Sinbad repose sur des visages familiers, mais façonnés avec l’œil expert d’un Jeffrey Katzenberg : Proteus le juste, Marina l’intrépide, Sinbad le voyou et cinq hommes de mains zélés d’une discrétion exemplaire.

Si le choix du tout-synthèse pour les sbires de la déesse ne manquera pas de faire plisser quelques paupières, l’action chronométrée, la fluidité du trait et l’enjeu cornélien font de Sinbad le meilleure aventure animée de DreamWorks depuis Le Prince d’Egypte. L’ambition graphique n’égale pas la démesure des pharaons, mais le maximum attractif est garanti. La mise en scène tourbillonnante privilégie les numéros de trapèze et de voltige dans un vaisseau transformé en chapiteau : le Rat allumant une à une les torches de la Chimère, Marina se débattant contre des Sirènes translucides, l’insaisissable Eris se métamorphosant au gré de ses sautes d’humeur. Respectueux des conventions, héritier des contes disneyens, Sinbad n’en oublie pas de mettre à jour ses références (Matrix, Le Seigneur des Anneaux) parsemées de revendications féministes. Clin d’œil à l’adresse des aînés: les sous-entendus licencieux suscités par la présence de Brad Pitt au doublage, ont de quoi aiguiser l’appétit des interprètes de tout bord. Plus grec que moyen-oriental, Sinbad délaisse le folklore d’un Aladin pour puiser dans le mythe de Damon et Pythias.

Spectacle hybride dont on peut si l’on est bougon regretter le manque d’ampleur, le spectacle de DreamWorks navigue en mer connue, mais la croisière est hautement délectable.

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