Parvana, une enfance en Afghanistan – Nora Twomey
En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté et la vie de Parvana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme, on ne peut plus travailler, ramener de l’argent ni même acheter de la nourriture. Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d’être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père. Parvana est un conte merveilleux sur l’émancipation des femmes et l’imagination face à l’oppression.
La censure, les interdictions de tournage, de distribution, d’exploitation de certains films nous rappellent que le monde du cinéma n’échappe pas aux dictatures des pays rigoristes. En s’attaquant directement au cinéma, à la littérature, à l’art en général, c’est contre la Culture tout entière que ces régimes autoritaires mènent une guerre sans merci.
Guerre contre laquelle s’engage le film de Nora Twomey, Parvana, une enfance en Afghanistan, adapté du roman de l’écrivaine canadienne Deborah Ellis. À travers le combat de sa jeune héroïne adolescente, obligée de se travestir en garçon pour travailler et subvenir aux besoins de sa famille après que son père ait été arrêté par les talibans, c’est un bien plus grand combat pour lequel cette œuvre s’engage : celui de la culture contre la barbarie et l’ignorance.
Parvana, son père Nurullah, sa mère Jan, sa grande sœur Soraya et son petit frère Zaki forment une famille heureuse, soudée et… instruite. Nurullah s’emploie depuis toujours à raconter à ses enfants l’Histoire de leur pays, leur apprend à écrire et à lire des contes pour s’émanciper. Grossière erreur ! Les talibans préfèrent les femmes soumises, peu éduquées, bonnes à servir leur mari et à s’occuper des enfants et du foyer. Les couleurs du dessin ont beau être chaudes, le jaune pâle prédominant, la ville de Kaboul n’en est pas moins gangrenée par l’islamisme radical, et la douce lumière du soleil se trouve bien souvent cachée, ternie et assombrie par des couleurs froides et sombres, du kaki au gris en passant par le marron. Nurullah est arrêté et emprisonné pour possession de livres interdits et pour avoir éduqué les femmes de son foyer.
Plantant une étoile au milieu du réel comme les grands écrivains surréalistes, un pied sur la terre ferme, l’autre dans les nuages, Parvana, une enfance en Afghanistan est un merveilleux film d’animation, réaliste, lucide, et aussi politique, poétique, et empreint d’espoir.