Les sorciers de la guerre – Ralph Bakshi
Deux millions d’années après l’holocauste nucléaire, la technologie est désormais bannie. L’humanité survivante a muté et coexiste sur Terre avec des êtres fantastiques : elfes, fées, nains, magiciens. Depuis le noir pays de Scortch, encore désolé par les radiations, le sorcier Blackwolf règne et nourrit l’ambition de soumettre la planète à son pouvoir maléfique. Vaincu une première fois par le bon magicien Avatar, son frère jumeau, il rassemble autour de lui une armée et découvre en fouillant les artefacts du passé une nouvelle arme qui va lui permettre de prendre sa revanche…
De Ralph Baskhi, on connait surtout sa version animée du Seigneur des Anneaux réalisée une vingtaine d’années avant que Peter Jackson ne se penche sur l’œuvre de Tolkien. Le reste de la filmographie de Bakshi est plus méconnue et relève plus du fantasme cinéphilique de part la rareté du film, comme tant d’autres l’on connu, que d’une réelle connaissance de son œuvre. Après avoir signé une série de films tous aussi provocateur que les autres, de Fritz The Cat à Coonskin que les Black Panthers feront interdire, Bakshi veut s’attaquer à un projet totalement différent : un dessin animé familial, que les enfants pourraient voir, histoire de montrer à Disney ce que l’on peut faire.
Sous l’influence de l’heroic fantasy, il signe un film qui préfigure l’univers Tolkiennien qu’il mettra en scène dans son opus suivant. L’histoire se situe dans un monde apocalyptique ou des mutants peuplent différentes planètes et où deux frères magiciens se livrent une bataille pour la suprématie. Le film est une charge politique féroce où le camp du mal, mené par le charismatique sorcier maléfique Blackwolf (qui s’impose en quelques scènes comme un des meilleurs méchants du cinéma d’animation et l’un des plus charismatiques) exhume des bandes de films de propagandes nazis pour endoctriner ses troupes et effrayer ses adversaires. De l’autre côté, le camp du bien semble mal parti avec Avatar, jumeau de BlackWolf, plus attiré par l’affriolante demoiselle qui le côtoie que par sa mission de sauver l’humanité du joug de son frère.
Baignant dans une folie propre aux années 70, Wizards ne ressemblent tout simplement à rien d’autre.
Bakshi expérimente sans cesse les façons de raconter son histoire de la prise de vue réelle à la stroboscopie, technique récurrente dans son Œuvre : voir les scènes d’introduction où l’histoire de BlackWolf et Avatar est racontée ainsi que les nombreux décors pas si éloignés des dessins de Giger. Seul point faible, le film semble beaucoup trop court, à l’image de beaucoup de productions Disney et qui ressemble encore trop souvent à une juxtaposition de scénettes notamment en raison d’une fin beaucoup trop rapide.
On notera la présence au casting voix de Mark Hamill, ironie quand on sait que c’est Star Wars qui, sortant quelques semaines plus tard, chassera Wizards des écrans américains. Incroyable que la Fox ait pu produire un film aussi unique, décalé, qui ravira tout les amateurs d’OFNI (Objets Filmiques Non Identifiés) et leur famille.