East end – John Claridge
La fenêtre en haut à droite de cette 1ère photo était l’ancienne chambre à coucher de John Claridge, à l’époque où il a pris ce portrait étonnant de ses voisins à Plaistow – M. et Mme Jones – en 1968, à vingt ans. A l’âge de huit ans, John a vu un appareil photo en plastique à une fête foraine de l’East End et a su qu’il devait l’avoir. C’est ainsi que sa passion pour la photographie est née.
En économisant de l’argent de son job de distributeurs de journaux dans les docks de Londres, John a acheté un appareil photo un peu plus sérieux et a capturé le monde qu’il connaissait. « La photographie était une langue naturelle », assure-t’il « C’était ma vie. Mon père était docker – tout le monde travaillait dans les docks, faisait un peu de boxe ou était méchant. Mon père est allé sur la mer à l’âge de treize ans, il a fait de la boxe à mains nues, il savait comment gréer un navire de fond en comble et il a vendu de l’alcool aux États-Unis pendant la prohibition. Je me levais à cinq heures du matin pour lui parler avant d’aller travailler et il me racontait des histoires, c’était mon éducation. Les gens disent que la vie était dure dans l’East End, mais j’ai trouvé la vie facile et j’ai adoré. »
Avec une certaine forme d’assurance, John quitta l’école à quinze ans et informe le West Ham Labour Exchange de son choix. Ils l’ont envoyé à l’agence de publicité McCann-Erickson dans le West End où il a immédiatement obtenu un emploi dans le département photographique. Puis, à dix-sept ans, John fit le voyage de Plaistow à Hampstead pour frapper à la porte de Bill Brandt pour présenter une de ses prises de vue. Le légendaire photographe l’a invité, reconnaissant son talent précoce et offrant des encouragements au jeune homme. « Je retrouvais ma mère après son travail de machiniste, et vous ne pouviez pas voir la prochaine rue dans le brouillard », se souvient John, lorsqu’il se souvient de la qualité de la lumière de ses images atmosphériques.
À l’âge de dix-neuf ans, John quitte définitivement l’East End et ouvre son premier atelier près de la cathédrale Saint-Paul. Ce fut le premier jalon d’une brillante carrière qui l’a vu travailler au sommet de sa profession pendant des décennies. Il n’en oublie pas une profonde attache à ces images. « Mon East End est parti, tout ça n’existe plus. Ce sont des images que je ne pourrais plus jamais refaire, je n’ai plus cette naïveté, cette innocence, mais les voir maintenant est comme regarder un vieil ami. »