Les calligrammes du manuscrit d’Aratea
Bien que popularisé par les merveilleux Calligrammes de Guillaume Apollinaire à partir de 1918, l’art de faire des images par la mise en page originale des mots peut être retracé sur plusieurs siècles. Un des premiers exemples de ces « calligrammes » se trouvent dans un splendide manuscrit du IXe siècle connu sous le nom de l’Aratea.
Chaque page de l’Aratea comporte un poème sur la moitié inférieure – écrit par le poète grec Aratus au IIIe siècle avant J.-C. et traduit en latin par un jeune Cicéron – qui décrit une constellation astronomique. Cette constellation est ensuite magnifiquement dessinée au-dessus de la poésie, mais les dessins sont eux-mêmes composés de mots tirés de l’Astronomica d’Hyginus. Les passages utilisés pour former les images décrivent la constellation qu’ils créent sur la page, et de cette façon ils deviennent liés les uns aux autres : ni les mots ni les images n’auraient de sens sans les autres pour compléter la scène. Il y a aussi des points rouges sur chaque image : ils indiquent l’endroit où les étoiles apparaissent dans le ciel.
Cet objet remarquable rassemble près de 2000 ans d’histoire culturelle. Utilisant deux textes romains sur l’astronomie écrits au Ier siècle av. J.-C., le manuscrit a été créé dans le nord de la France vers 820. Il se retrouva ensuite dans la bibliothèque de la famille Harley en Angleterre, avant d’être vendu à la nation en 1752 en vertu de la même loi du Parlement qui créa le British Museum, où il est aujourd’hui exposé.