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Le Livre des miracles

Le Livre des miracles

Fac-similé d’un manuscrit allemand, « Le livre des miracles« , édité à Augsbourg vers 1552, répertorie sous la forme de très spectaculaires illustrations colorées tout ce que le monde terrestre a vécu comme manifestations divines ou surnaturelles, de la Genèse à l’apocalypse de Saint-Jean, avec entre les deux les témoignages profanes recueillis par les chroniqueurs de l’Antiquité à la Renaissance.

La compilation écrite et/ou illustrée de récits relatant des signes appréhendés comme divins, ou prophétiques, remonte à l’Antiquité et a perduré au Moyen Age. Ce cursus connût toutefois une réception et un succès particulier autour du milieu du XVIe siècle, date de ce « Le livre des miracles » commandé par un mécène resté inconnu. Manuscrit, il est composé de 169 feuillets reproduisant en pleine page les aquarelles ou gouaches exécutées par les enlumineurs, légendées de quelques lignes.

L’ouvrage suit une chronologie théologique, commençant par le déluge de la Genèse, suivie d’autres récits de l’Ancien testament (Sodome et Gomorrhe, l’ouverture de la Mer rouge, Jonas et la baleine, diverses visions de prophètes…), pour se clore sur l’Apocalypse de Saint-Jean. Un commencement, une fin, entre lesquels s’intercalent une foule de témoignages relatant des prodiges observés de l’Antiquité à l’époque contemporaine du « Le livre des miracles » : phénomènes astronomiques, météorologiques, géologiques, zoologiques, botaniques…

Nombre de ces témoignages émanent des textes de Tite Live ou Pline l’ancien, pour les plus reculés, puis des chroniqueurs du Moyen Age. Ces prodiges, comme nos contemporaines observations d’OVNI, émanent sans doute d’observations objectives. Ce sont leurs interprétations qui leur donnent tout leur sel : divines, prophétiques pour les plus anciennes, scientifiques pour les plus récentes.  « Le livre des miracles » date de la Réforme luthérienne qui développa, par son discours moraliste, un fort sentiment eschatologique, propice à la multiplication d’ouvrages annonçant la fin du monde par des signes majoritairement célestes.

Mais il apparaît également, comme l’ancêtre prodigieux du célèbre « Livre des damnés » (1919, publié en 1959, 1967 et 1989 en France) de Charles Fort qui recensait des phénomènes tout autant extraordinaires, aux interprétations délirantes, livre aimé des surréalistes.

Pluies de sang, de sauterelles, de manne, comètes, éclipses, anneaux solaires et lunaires, réfractions lumineuses, animaux fantastiques… donnent lieu à des illustrations merveilleuses, où les miniaturistes ont développé un art exceptionnel, au carrefour de la transcription « scientifique » des phénomènes, et de la poésie, par un sens de la composition et surtout des couleurs.

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