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Tolometh – Clark Ashton Smith

Tolometh – Clark Ashton Smith

En Poséidonis la perdue sous les flots
Je fus le dieu noir de l’abysse :
Mes trois cornes étaient d’or
Au-dessus de mon double diadème ;
Mon œil unique était une gemme aux reflets lunaires
Découverte dans un monstrueux météore.

Des gens provenant de distances incroyables vinrent,
Appelés par les tonnerres de ma renommée,
Et passèrent devant mon trône suspendu
Où les titans se côtoyaient et les lions se dressaient,
Alors que se déversait un déluge sans fin
Devant les vents soufflés par l’hiver.

Sous mes architraves assombrissants,
Une brune file éternelle d’esclaves
Provenait de mines de calcédoine,
Et les chameaux des longs plateaux
Déposaient leurs soies et leurs péridots,
Leur encens et leur cannelle.

Le mal né des étoiles que j’amenai
À travers toute l’ancienne terre fut façonné :
Toutes les femmes prirent mon lien de honte ;
J’élevai, au cours d’innombrables siècles,
Les trônes de sorcelleries noires comme l’enfer,
Les hécatombes de sang et de flammes.

Mais à présent, parmi mes murs engloutis,
Le lent serpent marin aveugle rampe,
Et les vers marins sont mes ministres,
Et les poissons vagabonds passent devant moi
Ou se massent devant mon front sans œil
Comme le fit la multitude des adorateurs…

Et néanmoins, par des moyens qui dépassent l’entendement,
Les hommes me vénèrent même sans me connaître.
Ils exécutent ma volonté. Je me relèverai
Dans cette dernière aube du feu de l’atome,
Pour me tenir sur le bûcher funéraire de la planète
Et projeter mon ombre sur les cieux.

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