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Suivez-moi jusqu’à la maison – Rudyard Kipling

Suivez-moi jusqu’à la maison – Rudyard Kipling

Il n’y en avait aucun comme lui, cavalier ou fantassin,
Ni à ma connaissance chez les artilleurs :
Et c’est justement pour cela qu’il nous a quittés,
Ce qui est bien ce que font les meilleurs.

Alors débourrez votre pipe et suivez-moi !
Et videz votre verre de bibine et suivez-moi !
Oh, écoutez l’appel de la grosse caisse,
Suivez-moi — suivez-moi jusqu’à la maison !

Sa jument hennit tout au long du jour,
Elle piaffe toute la nuit durant,
Et elle ne veut pas de son fourrage,
Ce qui est bien ce que font les bêtes.

Sa fiancée s est mise avec un caporal d’artillerie
Avant qu’un mois se soit écoulé ;
Et les bans sont affichés à l’église, car au bougre elle a passé la corde au cou,
Ce qui est bien ce que font les filles.

On s’était battus à cause d’un chien – la semaine dernière, que c’était –
Seulement un ou deux échanges de coups ;
Mais je l’ai frappé durement et maintenant je voudrais que cela n’ait pas existé,
Ce qui est bien ce que les hommes ne peuvent pas arriver à faire.

Il était tout ce que j’avais comme ami,
Et il a fallu que j’en trouve un nouveau ;
Mais je donnerais ma solde et mon galon pour que ce bougre revienne,
Ce qui ne peut pas se faire car c’est bien trop tard.

Alors débourrez votre pipe et suivez-moi !
Et videz votre verre de bibine et suivez-moi !
Oh, écoutez les fifres qui s’avancent !
Suivez-moi ! Suivez-moi jusqu’à la maison !

Emmenez-le ! Il s’en est allé là où s’en vont les meilleurs.
Emmenez-le ! Et les roulettes de l’affût de canon tournent lentement.
Emmenez-le ! Il sera mieux là d’où il vient.
Emmenez-le, avec l’avant-train de l’affût et les tambours.

Car c’est « trois salves d’adieu » et puis suivez-moi,
Et c’est « treize hommes pour rendre les honneurs » et puis suivez-moi ;
Oh, au-dessus de l’amour des femmes,
Suivez-moi — suivez-moi jusqu’à la maison !

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