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Prélude – Nérée Beauchemin

Prélude – Nérée Beauchemin

Jadis, aux champs, seuils et croisées,
S’ornaient de bouquets toujours frais,
Comme, au matin, sous les rosées,
Les prés, les jardins, les forêts.

Tout l’été, fenêtres ouvertes,
Le logis sentait le terroir,
Comme feuilles de menthes vertes,
Comme neige et miel de blé noir.

Ainsi, l’antique métairie,
Soufflait en parfums, dès le seuil,
Avec quelle coquetterie !
Les amitiés du bon accueil.

Ô fraîcheur des choses lointaines !
Trois roses, plus qu’en d’autres temps,
Trois lys de France, trois verveines,
Fleuraient comme tout un printemps.

Du même agreste filigrane
Que, dans ses châssis, étalait
La vieille maison paysanne,
Je filigrane ce feuillet.

Et si je savais que mon livre,
Par leurs charmes ensorceleurs,
Pût se faire aimer, et revivre,
Je l’ornerais de mille fleurs.

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