Sélectionner une page

Métamorphoses – Gertrud Kolmar

Métamorphoses – Gertrud Kolmar

La nuit je veux l’enrouler autour de moi comme un drap chaud
elle avec ses étoiles blanches, avec sa malédiction grise
avec ses bouts ondoyants, qui traquent les coqs des jours,
je pends dans les charpentes aussi raide qu’une chauve-souris,
je me laisse tomber dans l’air et je pars en chasse.

Homme, j’ai rêvé de ton sang, je te mords jusqu’à la blessure,
je me love dans tes cheveux et j’aspire ta bouche.
Au-dessus des tours émondées les cimes du ciel sont noires.
De leurs troncs dénudés suinte de la résine vitreuse
vers des coupes invisibles de porto.
Dans mes yeux marron demeure le reflet,
Avec mes yeux marron doré je pars chercher ma proie,
je capture poisson dans les tombes, celles qui se tiennent entre les maisons
je capture poisson dans la mer : et la mer est une place plus loin
avec des mats brisés, des amours noyés.

Les lourdes cloches du navire sonnent venant de la forêt des algues.
Sous la forme du navire se fige une forme d’enfant,
dans ses mains du limon, au front une lumière.
Entre nous les eaux voyagent, je ne te garde pas.
Derrière des vitres gelées luisent des lampes bariolées et blanches,
des cuillères livides coulent dans le bol, glace multicolore ;
je vous appâte avec des fruits rouges, faits avec mes lèvres

Je suis un petit en-cas dans le gobelet de la nuit.

Archives par mois