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Les cerises – Nérée Beauchemin

Les cerises – Nérée Beauchemin

À l’ombre du fruitier vermeil,
Qui, sous le poids des fruits mûrs, penche,
Qu’il est bon manger sur la branche,
Les grappes chaudes de soleil !

Sur l’arbre qui les a produites,
Et, dans leur chair, a saturé
De sucre le jus empourpré,
C’est notre été qui les a cuites.

C’est le riche terroir natal,
La bonne terre fortunée
Qui nous présente, chaque année,
Les prémices d’un tel régal.

Est-il mirabelles et pêches
Qui puissent nous rassasier,
Comme, aux branches du cerisier,
Nos juteuses cerises fraîches ?

Pourrions-nous trouver autres parts,
Quoi que l’étranger nous en dise,
La savoureuse friandise
De nos vieux fruitiers campagnards ?

En ce pays où tout abonde,
La larve des noirs papillons
Ronge, en ses glorieux haillons,
L’érablière moribonde.

Pour nous dédommager un peu
D’une telle ruine agreste,
Sur le Bien royal qui nous reste,
Brille toujours, soleil de Dieu !

Dans tous les jardins de la plaine,
Au cœur de nos fruitiers caducs,
Fais couler la sève et les sucs
Dont la terre natale est pleine !

Pour que le Seigneur, à son jour,
Nous donne à même ses richesses,
Une obole de ses largesses,
Une goutte de son amour.

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