Sélectionner une page

La méditante – Gertrud Kolmar

La méditante – Gertrud Kolmar

Quand je serai morte, mon nom planera-t-il
un court instant au-dessus du monde.
quand je serai morte, me sera-t-il encore donné
n’importe où des clôtures derrière les champs.
Pourtant je vais bientôt me perdre en marchant,
comme l’eau coule d’une cruche ébréchée,
comme le don secret perdu des fées
et un petit nuage de fumée d’un train fou,

Quand je serai morte, sombreront cœur et rein,
s’en ira, ce qui m’a portée et remuée,
et seules seront les mains ouvertes, apaisées,
comme étrangères, couchées auprès de moi.
et tout autour de mon front ce sera,
comme un jour, quand la bouche caverneuse d’une étoile vous attrape
et que de la voûte de la pierre d’ombre pend
un drap gris aux immenses plis.

Quand je mourrai, pourrais-je enfin me reposer,
tourner mon visage vers l’intérieur
et tout refermer comme une boîte à images,
quand l’enfant en a trop vu
et puis dormir bien et profond,
tandis qu’encore tremblante j’aurai enfin déposé,
ce que je fus : une lumière de cire
pour monter la garde du deuxième monde.

Archives par mois