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La jardinière – Gertrud Kolmar

La jardinière – Gertrud Kolmar

Dents et manche du râteau,
Léger effort de la main ;
Le bulbe floral est tombé
Dans un sable émietté.
Trésor promptement recouvert :
Manière de vieillard avare,
Quand produit le pfennig
Que le pain a épargné.

Vis-tu une mort obscure
Que je t’ai déjà inventée :
Jeune fille radieuse et rouge,
Cruche rouge d’argile,
Cruche d’ivoire,
Jaunes sucreries,
Blanc nectar,
Écume et crème d’abeille.

Si mainte se pare de bleu,
N’en suis pas devenue familière ;
Je reste toujours femme
Qui regarde dans le miroir,
Épanche un discours délicat,
Épie un front sauvage,
Lit d’âpres étincellements,
Devine un baiser bleu.

J’attends toujours la floraison,
Jusqu’à ce qu’un voyageur happe
Ce qui, bariolé et vert,
Aimablement le surprend,
Et qu’un être-étranger incline
Des sourires qui se dissipent,
Surmonte par l’amour
Tout se-comprendre réciproque.

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