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Hamlet #1 – Robert le Magnifique

Hamlet #1 – Robert le Magnifique
Que ce corps de viande lourd, si lourd,
Soit d’air et d’eau, se résolve en rosée
Que l’Éternel n’eût pas mis son veto sur le meurtre de soi
Mon Dieu, mon Dieu
Et que tous les usages de ce monde
Me semblent fatigués, plats, défraîchis, et fait vomir
C’est un jardin de ronces proliférant
Des choses de nature fétide, monstrueuse le possèdent entièrement
Et en arriver là

Deux mois depuis sa mort, et non pas même
Un roi si excellent, qui fut pour l’autre un Hypérion pour un satyre
Aimant si fort ma mère qu’il était jaloux du vent sur son visage
Ô Terre et Ciel, où l’oublierai-je ?
Elle, accrochée à lui
À croire que sa faim croissait à force de satiété
Et puis, un mois plus tard, mais quoi ?
Fragilité ton nom est femme
Pas même un mois
Et les souliers sont neufs qu’elle avait mis
Pleurant comme Niobé pour suivre le cercueil
Elle, oui elle, mon Dieu
Un fauve manque de raison eût pleuré plus
Remariée, avec qui ? Mon oncle
Autant l’image de mon père que je suis celle d’Héraklès
Tout juste un mois

Le sel des larmes hypocrites n’a pas fini de lui rougir les yeux
Qu’elle se remet
Quoi ? Si pressée de se vautrer dans les bras de l’inceste
Le mal est fait, le mal en adviendra
Cœur, brise-toi
Puisque je dois me taire

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