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Extraits – René Char

Extraits – René Char

L’éclair me dure.
La poésie me volera de la mort.
Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.
Je ne puis être et ne veux vivre que dans l’espace et dans la liberté de mon amour.
Tout ce qui nous aidera, plus tard, à nous dégager de nos déconvenues s’assemble autour de nos premiers pas.
Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.
Nous sommes écartelés entre l’avidité de connaître et le désespoir d’avoir connu. L’aiguillon ne renonce pas à sa cuisson et nous à notre espoir.
Feuillets d’Hypnos

Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver.
La Parole en archipel

Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.
Rougeur des matinaux

La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la poésie qui la dessine.
La parole en archipel

Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.
Fureur et Mystère (1948)

Ceux qui regardent souffrir le lion dans sa cage pourrissent dans la mémoire du lion.
Les Matinaux (1950)

Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps.
Le Marteau sans maître (1934)

Il faut trembler pour grandir.
L’éternité n’est guère plus longue que la vie.
Feuillets d’Hypnos (1946)

La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
Feuillets d’Hypnos (1946)

On naît avec les hommes, on meurt inconsolé parmi les dieux.
La Parole en archipel

La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut.
« Trois respirations », dans Recherche de la base et du sommet

À chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir.
« Partage formel », dans Œuvres complètes

Au plus fort de l’orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C’est l’oiseau inconnu. Il chante avant de s’envoler.
Les Matinaux (1950)

Il semble que ce soit le ciel qui ait le dernier mot. Mais il le prononce à voix si basse que nul ne l’entend jamais.
La parole en archipel

…J’aime qui m’éblouit puis accentue l’obscur à l’intérieur de moi.
Rougeur des matinaux

Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.
Les Matinaux (1950)

Le fruit est aveugle. C’est l’arbre qui voit.
Anthologie René Char, Poèmes en archipel

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