Sélectionner une page

Complainte de l’ajourné – Federico García Lorca

Complainte de l’ajourné – Federico García Lorca

Le vingt-cinquième jour de juin
au nommé Amer on dicta
les lauriers roses de ta cour
coupe-les quand tu le voudras.

Dessine une croix sur ta porte
et indique ton nom plus bas,
car des ciguës et des orties
te pousseront sur le thorax
et des piques de chaux mouillée
feront à tes souliers des marques.

Ce sera la nuit et dans l’ombre,
dans les bois aimantés et noirs,
à l’endroit où les bœufs de l’eau,
tout en rêvant, les roseaux boivent
Apprends donc à croiser les mains.

Demande des cloches, des flammes
et va rechercher les vents froids,
Ceux des rochers et du métal.
Car tu giras dans ton linceul
après qu’auront passé deux mois.

Le vingt-cinquième jour de juin
l’Amer eut son premier regard
et le vingt-cinquième jour d’août
il s’allongea pour ne plus voir.
Des hommes descendaient la rue
car son délai venait d’échoir,
pour voir l’ajourné sur le mur
fixer sa solitude lasse.

Archives par mois