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Colomb – Nérée Beauchemin

Colomb – Nérée Beauchemin

Plus de mirage. Plus d’ombre. Plus de mystère.
Le chemin de l’Ophir fabuleux est ouvert.
Dans l’espace sans borne où son rêve se perd,
Sublime et glorieux, Colomb a crié : Terre !

Terre, terre ! – Ô genèse, ô triomphe, ô conquête !
Le voyant a ravi le secret du destin ;
La barre et la boussole ont franchi la tempête ;
L’aube du continent rêvé brille au lointain.

Terre ! – Des profondeurs d’une mer sans rivage,
Sous l’azur radieux d’un ciel illimité,
Dans l’éclat virginal de sa prime beauté,
Fraîche et verte, surgit l’Amérique sauvage.

L’astre qu’Herschell découvre au fond de la nuit morne,
Ne répand jusqu’à nous qu’une morte clarté.
Qu’est-il près du vivant hémisphère sans borne ?
Le monde de Colomb est un monde habité.

Terre ! Terre ! Sortant des bois et des savanes,
L’homme rouge se dresse effarouché, béant.
Place aux mystérieux rôdeurs de l’Océan !
Place aux Peaux-Blanches ! Place aux blondes caravanes !

Le cri du Découvreur a remué les Mondes.
Place aux héros de la civilisation !
Place à tous les semeurs des vérités fécondes !
Place aux conquistadors de la religion !

En avant ! Que la croix s’avance la première !
La croix est un levier plus puissant que l’argent.
Que l’Occident païen, des ombres émergeant,
Réfléchisse l’éclat de la pure lumière.

Place au rapide essor des gigantesques villes !
Debout, New-York ! Debout, Saint-Paul ! Debout, Boston !
À l’oeuvre, créateurs des libertés civiles !
Gloire aux hardis rivaux de George Washington !

Progrès immense ! Ouvrant sa grande aile étoilée
Au tourbillonnement d’un souffle sans pareil,
L’aigle de l’Amérique, aveuglé de soleil,
Monte et monte, ivre et fier de sa large envolée.

Terre ! terre ! Au dessus des bruits du Centenaire,
De l’est à l’occident, au fond du ciel serein,
Cent fois répercuté, comme un lointain tonnerre.
Vibre encore le cri de l’immortel marin.

Ô colosse ! voici la fête grandiose,
Voici les jubilés de ta gloire d’airain !
Peuples du globe, il faut que l’homme souverain
Aujourd’hui rentre enfin dans son apothéose !

À lui les diamants des fleuves de l’aurore,
La guirlande des champs lointains qu’il aborda,
La couronne des verts îlots qu’il fit éclore.
À lui l’humble laurier du jeune Canada !

À lui la palme d’or que Jéhova décerne,
La palme du témoin qu’on n’a pu démentir,
La palme du voyant, la palme du martyr !
À lui l’ovation de l’univers moderne !

Au front des pics neigeux, sur la crête des côtes,
Sur les détroits du Sud et du Septentrion,
Sur les rocs surplombants, des pointes les plus hautes,
Qu’on fasse flamboyer l’illumination !

Sur tous les océans qu’ont sillonnés ses voiles,
Sur les hâvres profonds où sa flotte a mouillé,
Sur le cap le plus haut que sa barque a doublé,
Que la fusée éclate en mille et mille étoiles !

Que Chicago, sonnant carillons et fanfares,
Sur ses frontons altiers hisse tous les drapeaux !
Que New-York aux éclairs fulgurants de ses phares
Unisse les éclairs de cent mille flambeaux !

Que l’escadre, accourant sous la brise nouvelle,
Banderoles aux mâts, toutes voiles dehors,
Défile, triomphale, et, par tous ses sabords,
Flambe et tonne en l’honneur de l’humble caravelle !

Hosanna ! Couronné d’un arc-en-ciel de gloire,
Sur les flots apparaît Colomb ressuscité :
Terre ! Terre ! – Au grand cri du géant de l’histoire,
Des millions de voix répondent : Liberté !

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